Marrakech : Le casino de la mafia

Article de CASAFREE copié et colle ici :

" La mafia italienne sévit a Marrakech depuis 1995. À la barbe et au nez des autoritsé locales. Alberto Cinola, membre de la pieuvre calabraise, a réussi à louer le casino de l'hôtel Essadi pour des soirées de jeu hautes en couleur. Les invités, des flambeurs professionnels notamment italiens, se sont fait avoir comme des gamins. La baraka ne pouvait être au rendez-vous malgré la présence de quelques stars du cinéma comme Gina Lollobrigida et Ursula Andress...Car les jeux du baccara étaient truqués.
Ainsi plus de 2000 personnes, hommes d'affaires, ont gardé un mauvais souvenir du casino d'Elisabeth Bauchet, une française mariée à un industriel marocain. L'affaire, portée devant la justice de la ville de Catane, fait grand bruit en Italie. À Marrakech, les autorités locales observent un mutisme incompréhensible.


Le boeing 747 qui se pose sur la piste de l'aéroport Marrakech-Médina, ce jeudi 18 septembre 1997, tel un oiseau fier de son beau plumage, n'est ni un charter, ni un vol régulier. Il s'agit d'un avion privé, qui transporte une trentaine de personnalités de la jet-society internationale.




Elisabeth Bauchet

Sur le tarmac, ils sont accueillis comme tels. En véritables VIP venus séjourner dans la perle du sud. Parmi le groupe, on reconnaît d'emblée deux actrices de renom, qui avaient marqué le cinéma des années 60 , Gina Lollobrigida et Ursula Andress. Tout ce beau monde est venu pour des parties de jeu au casino, à Marrakech.

Clientèle huppée

Tout a été programmé d'avance. Drappé dans un habit traditionnel marocain, un jeune homme attend le groupe avec une pancarte manuscrite à la main &laqno;groupe Alberto Cilona». Ce dernier fait office de leader du groupe.

Les formalités terminées, les touristes suivent le guide jusqu'à la sortie de l'aéroport où un autocar les attend. Direction : l'hôtel Essadi, situé dans le quartier l'hivernage à Guéliz. Une vingtaine de minutes de trajet et notre groupe se retrouve dans le hall de l'établissement. Le personnel est tout sourire. Et pour cause. Ce n'est pas tous les jours qu'on a une clientèle huppée et surtout généreuse, en ces temps de grisaille touristique.

Pour la classique fiche de police, c'est le réceptionniste qui s'en occupe. Les chasseurs se chargent des bagages.




Ursula Andress et Gina Lollobrigida

Les chambres sont joliment décorées pour la circonstance. Le traditionnel pot de bienvenue avec champagne, jus d'orange et corbeille de fruits variés. Les véritables attributs d'un palace jaloux de son standing et de son image, climatisation, télévision satellite, téléphone, mini bar

Le temps de prendre une douche et ils se retrouvent dans le bar de l'hôtel. Les clients sont aux anges. Prise en charge totale. Nourriture, hébergement, transport, téléphone, boissons,...Tout aux frais de la princesse. La belle vie à l'ombre des palmiers. Il ne sont pas là pour un séminaire d'entreprise ou pour une villégiature. Ce sont des flambeurs professionnels. Voyage organisé gratuit contre obligation de jouer, ce sont les termes du &laqno;deal». Un contrat qu'ils ont accepté d'honorer, depuis le jour où Alberto Cilona les a contactés via une agence de voyage italienne. Ils ont l'habitude de ce genre de dépaysement sonnant et trébuchant. Deauville, Nice, Monaco et même Las Vegas. Des cités dont ils ne connaissent que les casinos et l'aspect ludique. A Marrakech, ils sont venus pour ça.

Obligation de jouer

Dans leur escapade marocaine, les hommes d'affaires ne sont pas seuls. Ils sont en très bonne compagnie. Outre Gina Lollobrigida et Ursula Andress, il y avait là la romancière Françoise Sagan, la veuve de l'ex-président de l'Indonésie Dewi Sockarno et d'autres. Sans oublier quelques pinu-up pour égayer les longues soirées de ces Messieurs. Une prestation qui fait partie du package.

Les membres du groupe sont choyés. Bichonnés comme des petits enfants. Jouer chaque soir au casino ne leur fait pas peur. Au contraire. Cette perspective excite tous les &laqno;gamblers» du monde.

L'hôtel Essaâdi, un cinq étoiles de 150 chambres qui donnent à l'est sur la palmeraie, est bien tenu et offre le cadre idéal pour ce genre d'opérations. Rénové il ya dix ans, il est considéré comme l'un des must de l'hôtellerie marrakchie. Derrière cette renomée, il ya une femme rigoureuse et professionnelle. La patronne. Elisabeth Bauchet, épouse Bouhlal-un grand industriel de Casablanca- a de qui tenir. Elle n'est autre que la fille de M. Bauchet, qui possèdait entre autres le casino de Mohammedia et celui de Tanger. Voilà une trentaine d'années que ce Pied Noir, aujourd'hui décédé, a construit l'hôtel Essadi pour en faire un lieu privéligié du jeu. Une affaire familiale perpétuée de père en fille.

Le casino de l'hôtel Esaâdi, même s'il a été quelque peu éclipsé par celui de la Mamounia depuis sa restauration, a su garder une partie de sa clientèle. Haut de gamme.

Ici, l'hôtellerie classique, assiette et lit, n'est qu'un pis aller. Avec le casino comme fer de lance, l'établissement détient un produit inespéré, un créneau juteux. D'autant plus que l'autorisation d'ouvrir un casino n'est pas facile à obtenir.

Les flambeurs est une race qui existe et se développe à la vitesse de la constitution des fortunes. Faut-il-simplement aller les démarcher. Pour cette tâche, Elisabeth Bauchet, la cinquantaine dynamique, a souvent confié la direction du casino à des juifs marocains. Le dernier en date, Daniel Lévy. Son champ de travail est balisé : En plus de la gestion de la maison, il est chargé de remplir régulièrement des charters de flambeurs venus d'Europe et d'Amérique pour le compte de la société Ferma Ditm, qui gère le casino dont le capital est de 4.320.000 dh. À l'image de la propriétaire, l'établissement Essaâdi est connu pour sa discrétion, mais aussi pour la valse incessante du personnel du casino.

Produit juteux

De nombreux groupes de pokerman étrangers ont fréquenté ce coin niché dans un endroit de verdure. La clientèle du casino Essaâdi est spéciale à tout point de vue. En ce sens qu'elle ne rapporte rien au tourisme local. Elle ne se rend au Maroc que pour gaspiller de l'argent sur le tapis vert. En dehors de cela, rien ne l'intéresse, ni la place Jamaâ El Fna, ni le bazariste de la médina, ni le soleil clément du pays, encore moins des monuments comme les Tombeaux Saâdiens.

Dans ce système, l'établissement Essaâdi fait figure d'un village fermé où se trament toutes les combines. Elisabeth Bauchet a pris l'habitude de donner un coup de canif à la réglementation régissant ce type d'activité, en louant la salle du casino pour des parties de jeu. C'est ainsi que des flambeurs se déplacent spécialement pour jouer chez elle. En quelque sorte, Mme Bauchet leur remet les clés et s'en va.

La clique à Cilona a bénéficié de la même pratique. En fait, ce n'est pas la première fois que ce mafieux présumé fréquente les lieux. C'est un habitué. Il organise une quinzaine de week-end casino par an. Pour cela, il amène avec lui même les croupiers, de préférence des call-girls, propres à vous mettre le feu aux tempes.

Après le dîner, Lollobrigida et ses accompagnateurs, passablement émêchés, font leur entrée au casino. Beaux comme des princes. Une grande salle clinquante équipée de tout l'attirail du jeu, les machines à sous et les tables de pocker, s'ouvre devant ce gratin des affaires et du show-biz. Personne pour les déranger. La salle est à eux, rien qu'à eux. Aucun client de passage, fut-il un habitué, n'est admis.

Deux malabars à l'entrée se chargent de bloquer gentiment l'accès, sous pretexte que le casino n'est pas ouvert. Il vaut mieux se cacher derrière cette excuse fermée que derrière un &laqno;le casino est réquisitionné ce soir» ouvert aux questions les plus impertinentes. La loi du silence. Les amis d'un week-end de Andress sont plongés dans une ambiance privée, haute en couleurs. Une véritable famille qui a eu le temps de se découvrir des affinités dans l'avion et pendant les moments de repas. La dynamique de groupe fonctionne à merveille. L'objectif de l'opération.

Tout est prêt pour de grandes parties de pocker. Les serveurs font le tour des tables pour prendre les commandes.

Les joueurs se concentrent et misent gros. À tous les jeux du casino, les machines à sous, le black jack, 30-40..., les invités de choix préfèrent le baccara. Ils viennent d'ailleurs spécialement pour ça.

Quelques flambeurs gagnent au départ. Le jackpot. L'atmosphère ne se détend au fur et à mesure que pour mieux libérer les jeux. Alberto Cilona, oeil malicieux, est lui aussi de la partie. Lollobrigida et sa collègue, elles, sont là pour mettre de l'ambiance dans la soirée.

Ici, au casino Essadi, les billets, qu'ils soient en dirham ou en dollar, ne circulent pas. Le seul mode de paiement en vigueur c'est le chèque. Ceux qui gagnent ont droit à des jetons. Les perdants signent des chèques. C'est la règle du jeu. Mais quel est le montant des fonds perdus et par où transitent-ils ? Mystère et boule de gomme!

Grande arnaque

Dans le baccara, il y a un hic. Un grand. les jeux sont truqués grâce à un système informatique sophistiqué. Rien que ça. Quelques micro-ordinateurs sont cachés quelque part dans la salle et les cartes transmettent instantanèment les données sur écran. Après lecture, le préposé à l'ordinateur les communique directement au croupier par un micro-récepteur. La grande arnaque.

À leur insu, les joueurs se font ainsi rouler dans la farine, puisque avec le baccara, la baraka ne vient jamais.

Le stratège de l'opération n'est autre que le soit-disant meneur du groupe. La quarantaine mafieuse, Alberto Cilona est un membre de la n'drangheta, la pieuvre calabraise. Ainsi, plus de 2000 personnes- essentiellement des hommes d'affaires italiens-venues depuis 1995 par groupes successifs au casino Essadi- ont été escroquées. Chacune d'elle ayant perdu près de 5 millions de dirhams. Une véritable fortune.

Complices

Le pot aux roses a été découvert il ya trois semaines par les &laqno;carabiniere», la police italienne de Catane, la deuxième ville de la Sicile, suite à une plainte déposée par une victime, qui n'a pas digéré l'arnaque. Grâce au système d'écoutes téléphoniques, les enquêteurs ont pu remonter la filière et arriver jusqu'à Cilona.

Ce dernier a été arrêté, ainsi que dix de ses complices dont un dénommé Massimo Gargio, qui jouait le rôle de rabatteur des acteurs de renom contre une confortable commission sur les recettes de cet attrape-nigaud.

Le magistrat du tribunal a également écouté, vendredi 31octobre, les deux comédiennes, Lollobrigida et Andress en qualité de &laqno;personnes informées des faits». Or, d'après leur témoignage, elles semblent avoir été des actrices malgré elles d'une comédie dont elles ne connaissaient ni le réalisateur, ni le scénariste.

Quant au casino Esaâdi, théâtre de ces grosses supercheries, il est difficile de croire qu'il n'est pas mêlé à l'affaire. Comment peut-on installer des ordinateurs sans que les responsables ne se rendent compte de quoi que ce soit?

Qui a empoché Les sommes faramineuses extorquées aux pigeons ? Pourquoi Elisabeth Bauchet loue-elle la salle du casino à des étrangers alors que la licence est nominative ?

Intérrogée par la police locale, la propriétaire de l'hôtel Essadi a déclaré qu'elle n'a rien à voir avec le scandale et qu'il s'agissait d'une affaire italo-italienne.

Tout cela est cependant peu orthodoxe et sent l'arnaque à plein nez. D'ailleurs la directrice de l'hôtel et le responsable du casino sont cités à comparaître, en qualité de témoins, devant le juge de Catane. La ville des mafiosi de tous poils. "


src: Maroc hebdo

jolie article

c'est une vieille histoire , maintenant, ca doit etre pire !
ahahahahahah

c'est bien d'avoire des NEW info
merci ATLAS